20 - Sur la route de la Hanse

Une hanse était une association de marchands du haut moyen âge, 12 au 15^ème siècle, qui commerçait, régulait par des droits, des taxes, les marchandises transportées entre les villes et les nouveaux comptoirs qu’ils créent en Mer du Nord, autour de la Baltique, de Londres à Norgorod (au Sud de St Petersburg) jusqu’à s’étendre plus vers l’Est et le Sud. Il y avait plusieurs hanses. Elles jouissent de privilèges octroyés par divers souverains européens pour accomplir leurs activités maritimes et détiennent une puissance commerciale et politique.  Ces ligues se sont éteintes par la fermeture des comptoirs de Norgorod et de Londres et par la concurrence des commerçants anglais et néerlandais.

Nous passerons par Rostock en Allemagne pas loin de Lübeck, Kalmar sur la côte sud de la Suède, Visby sur l’ile de Gotland, Tallinn (Reval à l’époque) en Estonie, nous trouverons toujours des traces de leur passage.

Certaines villes sont nées de ce commerce, les ports, les villes avec leurs magasins de stockage, les grandes bâtisses des riches commerçants, les places, les nombreuses églises.

ROSTOCK 

Dame Jane est amarré dans la marina de Warnemunde, une station balnéaire à l’entrée de l’embouchure de la rivière Warnow qui borde Rostock. Il y a un monde fou à l’embarcadère, sur le petit port, le paquebot Concordia est à quai et déverse son flot de touristes.

Passeur, train et en selle sur nos petits vélos, nous voilà le nez en l’air dans cette jolie ville colorée.

200 miles sous yankee tangonné avec un vent soutenu dans le strand entre l’ile d’Öland et le continent.

Les petits ports de l’ile de Öland sont très petits et peu abrités, nous préférons nous arrêter à Kalmar.

KALMAR

Marina pour les invités, les locaux sont dans d’autres ports plus intimes. Les commodités sont aussi bien pour les croisiéristes des yachts que des campings cars. Ce sera un peu partout comme cela d’ailleurs. Les bateaux d’un côté, les véhicules sur le parking mitoyen !

Visite du château, ancienne forteresse du 12^ème siècle, transformé à la renaissance.

Une exposition de mannequins habillés de papier par Isabelle de Borchgrave une française, fait mon admiration de bricoleuse en tout genre.

ÖLAND

Une longue ile étroite de 140 km de long. Un vaste plateau calcaire couvre une grande partie de l’ile. La partie sud est classée au patrimoine mondial de l’Unesco.

STORA ALVARET, plateau aride, couvert de landes, de quelques fleurs comme la potentille jaune, l’hélianthème, l’emblème de l’ile, ainsi que des orchidées.

De longs murs de pierres sèches s’allongent à l’infini.

Les bâtiments des grandes fermes ont gardé leur allure, bas, vastes, aux belles proportions, ils gardent leur authenticité.

Quand j’étais jeune, ma mère m’avait offert le livre de Selma Lagerlöf, « Nils Holgersson à travers la Suède ». Je l’avais adoré et gardé précieusement comme tous les livres que j’aime. (Déjà attirée par les voyages et la découverte !)Je l’ai donc relu et  redécouvert au travers de l’histoire de ce petit garçon transformé en tonte (lutin) qui voyage sur le dos d’un jars en compagnie d’une bande d’oies sauvages en migration, une Suède et son histoire. Les descriptions géographiques, géologiques et historiques sont d’une précision incroyable.

Ainsi la description de la pointe sud de l’ile (chapitre X La pointe méridionale d’Öland) est tellement toujours d’actualité : sauvage, réserve d’oiseaux migrateurs, terre d’élevage, et la grande ferme royale toujours là.

De longs murs de pierres sèches s’allongent à l’infini.

GÖTLAND

90 miles au nord est ; Dame Jane est amarré contre le quai de la petite marina des invités, au pied de la ville de Visby,  ville hanséatique célèbre.

Il reste de l’époque florissante que des voutes, des murs d’églises, quelques beaux pignons de maisons, mais elle a gardé son charme avec ses ruelles, ses petites maisons fleuries à l’intérieur de l’enceinte qui entoure la vieille ville. Très prisée par le tourisme, il y a des bars et restaurants à tous les coins de rue.

FARO

Cette fois ci nous choisissons de visiter l’ile Faro au nord de l’ile. Très basse sur l’eau, fouettée par les vents, elle reste sauvage.

Arbustes nains  poussent à l’horizontale, plaqués au sol, enserrant la terre de leurs racines de peur de s’envoler !

"raukar" regardez cette formation rocheuse comme une silhouette en marche

Même formation, mais observer sur la gauche, apparait une tête, avec nez, bouche, joues.

Monument funéraire de TJELVARS, datant de l’âge de bronze, un alignement de pierres levées disposé en forme de bateau, 18X5m. Plusieurs sites ont été identifiés sur l’ile, des formes de bateau de 6 à 46m !

Dans notre programme initial, nous devions nous arrêter en Estonie, aux iles de Saaremaa et Hiiumaa, mais en étudiant la carte nous avons vu que les fonds n’étaient pas bien élevés, des pavetons partout ; il y a bien des chenaux mais avec le temps de cochon que nous subissons, nous nous voyons pas tirer des bords ou foncer vent arrière dans ces endroits incertains pour des étrangers comme nous. De plus, notre guide nautique ne nous donne pas de bons ports refuge. Donc, direction Tallinn, de là nous irons by car visiter ces iles.

TALLINN

250 miles plus nord, Dame Jane est amarré contre le môle d’entrée de la marina Pirita qui date de l’époque soviétique, il est 22h, un magnifique couché de soleil nous accueille.

Nous resterons une dizaine de jours, bardés d’amarres, de défenses. Nous subissons en direct les vents forts qui soufflent sans arrêt, les dépressions se succédant les unes aux autres. Le sud de l’Europe profite d’un énorme anticyclone des Açores mais qui reflue les dépressions vers le nord !!!!!!

Mais ici, cela fait le bonheur des voiliers, en particuliers les dériveurs, les planches, les kites.

L’école de voile fait sortir ses optimists  et autres petits dériveurs par tous les temps, 25 à 30 noeuds relevé à l’anémomètre de Dame Jane, les coques de noix sont au large du port, dans la plume.

Je suis au spectacle, l’estomac un peu serré de les voir s’élancer ainsi hors du port. L’avant port sert à quelques mises en conditions, quelques virements de bords, quelques glissades au portant, et pour les plus téméraires la sortie dans la piaule. Les plus incertains hésitent, continuent leur petit tour voile larguée, tirent des bords plats, puis tout d’un coup, on les voie se décider, voile bordée, en route pour la sortie. On ne voie que les petites voiles blanches dehors.

Quand un cabane, il se débrouille seul pour remonter son bateau, quelque fois c’est long, mais aucun zod ne vient le surveiller, un copain sympa vient l’encourager au mieux. Un moniteur sur son zod pour entrainer une dizaine de bateaux. L’école est dure mais cela fera de sacrés bons marins !

Les petits points blancs au large sont bien les voiles d'optimist. La photo a été prise le grain passé.

En selle sur nos petits vélos, nous partons à la découverte de Tallinn à 4 km.

2 ferry et  2 paquebots sont accostés au pied de la ville.

Les rues pavées, piétonnes sont bondées, le soleil a fait son apparition et fait briller les clochers gothiques, les terrasses débordent de parasols et d’assoiffés.

La vieille ville de Tallinn, Reval à l’époque florissante de la Hanse, enserrée dans ces remparts bordés de donjons donne une ambiance de  comte de fées, il ne manque plus que les costumes d’époque et sans cette foule de touristes !!!

Ces 3 maisons servaient d'entrepots (voir les monte-charge)

cathédrale alexandreNevsky, culte orhodoxe, date de 1900

Palais de style  baroque construit par le tsar Pierre Le Grand pour son épouse Catherine 1

Dans les rues voisines, ancien quartier chic de l’époque, on trouve beaucoup de maisons de bois sculpté, complétement délaissées.

Depuis son indépendance en 1991, l'Estonie a opté pour une économie libérale ; elle investie dans des infrastructures modernes et nous sentons bien le dynamisme incroyable qui vibre dans la capitale.  Des buildings sortent de terre, des quartiers résidentiels de maisons très modernes remplacent les anciennes en bois. Mais il reste encore beaucoup à faire. 

Les petits vélos sont pliés dans le coffre d’une voiture et partons en ballade pour quelques jours.

L’Estonie est un pays de terres basses marécageuses. La Taïga (bois et forêts) recouvre 48% du territoire.

Grues dans un champ

La mer baltique est une mer d’eau presque douce, donc on y trouve la flore et la faune des lacs aussi bien que de la mer.

cygnes muets et sternes à tête noire

Hiumaa

Dans notre B&B nous rencontrons un couple d’allemands qui circulent en vélo, Tallinn/Riga. Très sympathiques, nous les retrouverons avec plaisir dans l’autre ile. Beaucoup d’allemands font de grands trips en vélo, nous leur tirons notre chapeau, car pédaler contre le vent nordique et les pluies torrentielles des gros grains, c’est du sport !

Phare de Takhkuna

En mémoire aux 800 naufragés du ferry coulé en 1994, une cloche suspendue sonne quand le vent souffle dans la direction du naufrage et de la même force de ce jour fatal.

Eiders ou garots et cormorans

Nous découvrons une marina toute nouvelle à Kärdla, qui a l’air d’être bien protégé et bien équipé. Ce doit être une bonne escale à retenir.

Le phare de Köpu

Les marchands de la ligue hanséatique étaient soucieux de sécuriser le passage, une tour de 8m de large et de 20m de haut a été érigée sur la hauteur la plus importante de l’ile en 1500. Il a été transformé en phare en 1649 avec un feu de bois au sommet. Les améliorations se sont succédées au long des siècles et des inventions. Il est donc électrifié maintenant, il mesure 37m et éclaire à 50km au large.

Côté nord ouest

Côté sud est, des marais, des roseaux pour les toits de chaume.

SAAREMAA

Ile moins sauvage que sa voisine, des bois mais aussi beaucoup de culture, des petits ports, une ville et son château très attractifs.

Château de Kuressaare – magnifiquement rénové, ainsi que ces fortifications.

Il abrite un musée très riche retraçant l’histoire du pays, particulièrement l’occupation allemande et russe. On peut y passer des heures, mais il y a peu de traduction anglaise et aucune en français bien entendu comme dans tout le pays. Pourtant, il y a le français en langue étrangère à l’école.

A ce propos : les jeunes parlent tous anglais couramment et ils aiment communiquer. La génération plus âgée reste plus timide, elle parle estonien, peut-être allemand ou russe selon leur origine.

Port de Kuressaare. C'est la fête nationale, les grands pavois sont hissés.

Port de Söru

 Le grand feu de la mid-summer est prêt. Et oui pour les Estoniens, c’est la moitié de l’été déjà qui est passée, et il n’a pas été très chaud. La température moyenne est de 15°, 13 le matin, 18 au soleil. On croise des personnes en short, petite robe d’été, et d’autres en doudoune, manteau, tous les petits enfants ont des bonnets.

Il y aura des feux un peu partout entre le 22 et le 23 juin, musique et beaucoup d'alcool !

Cratère de 22 m de profondeur faite par une météorite il y a quelques 4000 ans.

Le mois de juin se termine. Quand j'édite ce nouvel article, nous sommes déjà à Helsinki sur la côte septentrionale de la Baltique. Marie-Jeanne arrive demain. Le temps est toujours incertain. Nous avons repris nos petits vélos, et sillonons la ville, ses différents quartiers, toujours de l'eau, des arbres, des bateaux. Un monde fou. Dame Jane est en ville.

Prochain article à Stockholm.