9 - LE MAINE - Halifax - 2ème partie côte Est Amérique du Nord

mi mai 2016

L’arrivée en bateau sur la Nouvelle Angleterre nous a rempli d’attente, au loin des monts recouverts de neige, une côte rocheuse, très boisée, toujours ces maisons d’été en bois semées le long du littoral, une eau bien froide 8° ! Nous sommes dans le Maine. 8OOO km de côtes. Il y a de quoi naviguer !

Rentrés dans Casco Bay ; un dédale d’iles et de hauts fonds coupent la houle océane et offrent une mer plate et de nombreux abris.

Un ami, Jean-François nous a mis en contacte avec Philippe, franco-américain qui vie à Yarmouth.

Philippe nous accueille chaleureusement et nous trouve un mouillage près de chez lui à Cousin Island. Grâce à ses conseils, ses relations, nous avancerons efficacement sur notre liste de travaux.

Tous les arbres ne sont pas encore en feuilles, mais dans quelques jours les maisons seront cachées par la verdure. La côte, (comme partout où nous sommes passés, de la Chesapeake, à New York, avec leur côte basse et plate d'alluvions "mous" jusque dans le Maine vieux socle dur) souffre de l'érosion maritime, des pans de  terre s'affaissent ou s'ouvrent. Dans chaque région, communes ou particuliers consolident des morceaux de côte par des levées de terre, des agglomérats de roches, des murs de béton.

Rencontre chaleureuse avec la famille Greene dans leur chantier au fond de la Cousin River. Jymmy y construit le hard-top qui nous protégera des embruns sur le pont.

Assise dans l’atelier, sur une des chaises de jardin  disposées en salon pour les poses (café et muffins) , je m’imprègne de l’ambiance familiale de ce petit chantier en fin de carrière. Il y a 35 ans, c’était un haut lieu de construction de multicoques de course, innovation à l’époque, sous la férule créative de Walter Greene. De nombreux marins, coureurs et constructeurs, sont venus travailler avec Walter ou suivre la construction de leur engin de course. Les photos pêle-mêle sur les murs témoignent de l'effervescence heureuse et créative de ce lieu.

Devant le chantier, une 10zaine de multicoques sont en hivernage, quelques uns seulement reprendront le chemin de l’eau ce printemps.

Jymmy et Charles l'ouvrier du chantier  fabriquent le nouvel  hard-top  en CP pour notre Dame Jane.  Walter, malgré sa maladie, construit une petite barque, Joan sa femme prépare son matériel pour aller poser ou contrôler les mouillages qu’elle gère à Cousin Island, Esther, la sœur de Walter, prépare aussi sa journée de travail (ponçage, peinture, commande, gestion des produits et matériaux).

Le hard-top fini, Charles le convoie par voie de mer sur le petit catamaran à moteur.

Le lendemain, Walter et Esther, viennent par le même moyen de locomotion nous rendre visite, Joan arrive aussi sur son annexe-pousseur de ponton. Moments privilégiés où tout le monde est heureux de partager et apprécier la finalité d'une construction navale. Jymmy et moi étions heureux de recevoir à bord des personnes de cette qualité.

Joan qui s'occupent de 250 mouillages, pose et dépose les mouillages de son ponton catamaran qu'elle manoeuvre de son petit bateau à moteur encastré entre les 2 coques du ponton. C'est très astucieux, comme tout ce que Walter cogite!  Les coques sont vertes of course !

Diner sympathique chez Philippe et Johanna : Joan, Walter, Jymmy, Philippe, Caroline, Johanna, Isabelle

Dame Jane partira avec des dessous propres.

Nous reprenons la mer avec Sophie et Pascal, brume, ciel bleu, pluie, vent, moteur, et des slaloms entre les iles, les ilots, les miliers de bouées de casiers mouillées un peu partout.

Le paysage est voilé, puis la brume se lève, des arbres apparaissent, des rochers, des blancs, des gris, des perches de chenaux(parfois avec un nid et un petit dedans), un phare de temps en temps, des phoques ou veaux marins se prélassant sur les rochers polis, des lobster boat, bateau traditionnel de pêche, des maisons cachées derrière les arbres avec leur longue passerelle sur la rive, des cormorans, des canards, des aigrettes.

Remontant des sortes de fiords, ou passes entre iles ou terre, on ne sait plus très bien, nous trouvons des abris paisibles pour la nuit. C'est souvent magique, le silence, les reflets des arbres sur l'eau, les couleurs changeantes, les marées qui  font virer Dame Jane sur son ancre, les couchers de soleil toujours somptueux...

Mount Desert Island, le haut des monts est nu, pas d'arbres, d'où son nom de Desert, curieux dans un pays où la mer terrestre est une nappe de forêts.

Et puis il y a les rencontres, Tan, Christiane, Yvan sur Miss his Norumbega, les marches,les homards délicieux, les journées en vélo dans un parc national...

Passage très étroit entre le phare de Bass Harbour et le haut fond qui barre l'entrée Great Gott Island créant une barre, vent et courant, ça chahutte sèvérement.

250 miles plus Est, nous voilà en Nouvelle Ecosse, une province du Canada. 15 jours pour finir de mettre Dame Jane en situation "grand nord", faire l'avitaillement pour 3 mois .......

Dame Jane est amarré à un ponton du club Royal Novia Scotia Yacht Squadron. Toutes les commodités plus un club house chaleureux comme on en rêverait chez nous. Comme partout dans ce continent, les distances sont importantes, nous louons une voiture pour faire nos emplettes et un peu de tourisme local.

Les 29OO litres de gazoil sont verser dans les tanks.

L'avitaillement se fait un peu tous les jours, les cérales, légumineuses, les conserves, l'épicerie, l'eau, jus de fruits, lait.....un jour, l'autre jour la viande, charcuterie..... à mettre sous vide dans la foulée et à entreposer au frais ou au congélateur, et le dernier jour les légumes, les fruits, les oeufs.

Nos équipiers de l'été dernier, Albert et Jean-Paul nous rejoignent le 20 juin.

Dès que la météo est favorable, nous prendrons la direction de St Pierre et Micquelon puis St John's à Terre Neuve. La glace est encore très basse et compacte, d'après les cartes. De St John's nous irons longer la côte ouest du Groendland, là où la mer est libre, puis vers 75° nord nous obliquerons vers l'ouest en tentant de trouver un passage.