11 - En route vers les hautes latitudes -St Pierre

From Halifax to St Pierre et Miquelon

Traversée cool, peu de vent, portant, puis, près bon plein, mer belle, lisse en générale, grande houle de sud, ailerons de marsoins en vue, queue et soufle de baleine, beau coucher de soleil, après midi pépère sur la terrasse, à chacun ses occupations. Le nouvel hard top nous protège du vent frais et du crachin, et oui la brume a été très présente, avec elle un petit vent glaciale, une humidité pénétrante.... Entre voile et moteur nous sommes arrivés à St Pierre un matin.

Je vous livre quelques heures avant d'arrivée :

Lundi 27 juin 2016

-       « - Bénédicte

        -  Bénédicte ?

-       -  Hummmm

-        -  Bénédicte, c’est à toi »

Oh, je dormais si bien, je prends conscience qu’il faut que je me lève, sorte de ma couette bien chaude,

-       - oui, j’arrive »  bon et ma chaussette, où est-elle passée ?

Il est 4h du matin, Jean-Paul me donne les infos : brume - radar toutes les 10 minutes. C’est simple, juste de la surveillance. Les bateaux de pêche ne se signalent pas par AIS. Avec de la visibilité on les voit avec leurs feux, sinon c’est au radar.

J’enfile quand même mon ciré, tout est trempé sur le pont. Un coup d’œil sur l’écran. « Mais on est quand même un peu en dessous de la route et nous pointons plutôt sur Miquelon que sur St Pierre. J’ai de la marge, je peux lofer, juste un peu près du vent, mais ça va le faire, il n’y a pas de mer »

Je borde yankee et grand-voile. Mais le vent molli, sous 10 nœuds, pas terrible, vitesse 2,5 nœuds. « Bien, je vais mettre le moteur,  je récupérerais la route tracée de Jymmy plus vite en redonnant 5° de plus dans l’Est  et j’allume le radar en continue pour plus de sécurité »

Une fois tout en place, je m’amuse à regarder la carte de ces petites iles perdues au milieu de l’océan, ou presque parce que Terre Neuve n’est qu’à 12 miles plus au nord.

Il y a des noms qui me font sourire : Cap aux voleurs – Anse allumette – Anse de Pousse trou – Butte au thé – Morne du Noroit de l’Etang aux outardes (chic celui-la !)  Derrière chaque nom, une histoire.

« Tiens, voilà un point sur l’écran radar, à 1 mile devant, pas loin le pêchou.  Il se déplace sur mon bâbord, tout près, un autre point bouge sur tribord » Je sors pour voir, niet, je vois rien. « Non d’une pipe, je ne sais pas si je vais vraiment m’habituer. »

Notre route passe entre Miquelon et St Pierre, nous contournons au nord l’ile du Grand Colombier, puis redescendons Sud pour prendre le chenal d’entrée du port qui est à l’Ouest de l’ile. La brume est toujours là, bien dense, Jymmy s’est levé, il contrôle ce passage. D’un coup, juste pendant un moment d’inattention lorsque nos deux compères qui dormaient se sont présentés dans le poste de pilotage, un voilier sort de la brume en nous rasant de près ! ohhhhhhh ! mais il est dingue celui là ! il n’a pas de radar ou quoi ! L’étonnement passé, nous réduisons la vitesse, et un œil sur le radar, un œil sur l’écran de navigation. Jymmy prend la barre, je le guide en lui donnant les infos d’après l'écran de navigation et la position du bateau. Mais, tout d’un coup, je vois le bateau prendre une très mauvaise direction, nous allons droit sur le môle d’entrée ! Sur une incompréhension, nous avons failli finir sur les rochers. Dame Jane reprend sa route d’aveugle. De temps en temps, un môle, une bouée apparaît, c’est la bonne route. A l’avant, Jean-Paul avec ses yeux de lynx aide à la navigation.

-« BONJOUR » premier mot que nous entendons en arrivant au môle Tabarly.

Comme s’est plaisant d’entendre sa langue maternelle, après tous ces mois loin de  chez soi.

Jean-Paul saute à terre et hop, le voilà parti, il nous ramènera du pain frais, croissants et pains au chocolat, (c’est la fête au petit déjeuner !), plan de la ville …..

Les douaniers arrivent peu de temps après. Papiers s’il vous plait.

Rien à déclarer ?  La police de l'air et des frontières arrivera dans l’après midi, pour contrôle des identités. Tout ce passe bien et bien sûr en français, nous racontons notre croisière, nos nouvelles destinations et eux nous racontent la visite d’autres bateaux, parfois un peu de leur vie sur l’ile ……

Le club nautique de St Pierre. Les enfants sortent dès qu'ils peuvent, chavirent pour rire dans une eau à 10° !

Dame Jane est amarrée devant le club nautique, une école de voile dynamique, un bâtiment rénové, 10 cata de sport, 4 lasers, 5 optimistes, 2 zods, des J24…..

Je suis venue ici en escale en 1981, je faisais partie de l’équipage qui convoyait le « Sébastien » de Québec à Port-Blanc, nous étions amarrés au même môle avec le bateau vert à fleurs d’Antoine le chanteur. Une autre fois, en 1984, convoyage de « Sébastien » des Açores à Québec pour la 1ère course Québec/St Malo. Je me souviens que le Gin n’était pas cher, que la ville avait l’air bien triste ….

Jymmy est venu en 1987, (j’étais enceinte d’Amandine) avec la course Lorient/St Pierre/Lorient toujours sur le « Sébastien » baptisé « Dépêche Mode ».

St Pierre donne maintenant une autre image, je n’ai pas testé le prix du Gin, mais la ville est relookée, pimpante avec ses couleurs très vives, ses aménagements modernes. Depuis bien longtemps, l’ile ne vit plus de la pêche. Les vestiges de cette époque ont été rénovés et font partis du patrimoine et se visitent.

C’est un territoire français, je vous donne quelques chiffres pour vous faire une petite idée :

5600 habitants en gros avec Miquelon – 69 équipements et bâtiments publics - 20 sites de sports et loisirs, voilà pour l’administration.

71 commerces, 13 hôtels et B&B, 13 restaurants pour le tourisme. Le tourisme vient principalement du Canada. Mais pas assez, l'ile n'est pas encore sur les circuits touristiques à la mode. La population est assez dynamique et organise de grandes manifestations aussi bien nautiques que terrestres ce qui attire du monde venu de l'extérieur, un bon point pour le tourisme.

Il y a énormément de voitures, et à midi + 1 minute, la rue qui borde le port est embouteillée ! Et oui ici, ils ont la chance, comme ils le disent eux même, de manger chez eux ! Alors à midi pile, tous ferment leur bureau, leur magasin. Sauf le boulanger à 12h30 ! pas de cantine dans les écoles parait-il ! La vie active reprend à 14h. On est en France ! Mais comme les pays voisins, ils ferment à 17 h !!

On comprend, qu’il fait bon vivre à St Pierre.

Nouveau pour nous, le matin, nous sommes réveillés par le bruit des mobylettes, il n’y en avait pratiquement pas sur toute la côte Est de l’Amérique du nord, l’espace n’est pas le même, of course !

Cathédrale St Pierre et vitraux de la chapelle, (verre enchassé dans un enduit ciment)

Je n'ai pas d'information sur le travail de la pêche, mais à quai il y a peu de bateaux.

Sur une grève, une série de cabane pour doris (ancien canot construit principalement en Nouvelle Ecosse, pour les goélettes qui partaient pêcher le cabillaud à Terre Neuve) et autres petits bateaux de pêche à la journée.

Un gros slipway à chaines qui sert pour tous les bateaux, pêche, plaisance...

Une vue de l'entrée avec les digues de protection du port lors d'une levée de rideau de la brume!

Demain matin, nous reprenons la mer, direction Terre Neuve. A bientôt. Bénédicte